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 Aujourd’hui, si j’en suis les dernières études sur le sujet *, je fais partie de cette catégorie qu’on appelle les « gros lecteurs ». Pour appartenir à cette catégorie, il semblerait qu’il suffise de lire une vingtaine de livres à l’année. Avec mon profil (homme, moins de 30 ans) et un nombre de livres à l’année qui avoisine plus les 50 (sans compter les BDs qui semblent inclues dans les comptes) j’appartiens plus au genre du lecteur OVNI. En revanche, là où je m’inscris davantage parmi la grande majorité des Français, c’est dans la répartition que j’ai entre livres papier et livres numériques (les chiffres parlent de 20%). J’ai une liseuse et pendant des années je me suis pourtant dit que ce n’était pas quelque chose pour moi. La raison numéro 1 que j’avançais pour m’en convaincre était mon côté bibliophile. En effet, je suis un collectionneur et suis très attaché à l’objet livre, il n’y a pas de plus grande satisfaction pour moi que de remplir avec le vide de mes étagères. Le livre numérique, je le visais alors comme une forme de trahison. 

  Je me suis posé la question : est-ce qu’en achetant une liseuse, je suis passé à l’ombre ? « J’ai craqué », ai-je parfois répondu à ceux qui me connaissaient et qui m’interrogeaient sur mes motivations d’achat, cela paraissait curieux à leurs yeux et avouons-le un peu antinomique. «Craquer », voilà un mot pas tout à fait anodin; la liseuse est-elle à diaboliser pour nous les gros lecteurs amateurs de papier, constitue-t-elle une tentation, ou pire, un vice qui serait en passe d’envahir sournoisement notre pas si grande famille ?

Pratique

On l’a déjà beaucoup dit, la liseuse c’est pratique. Tout d’abord, pour des raisons qui sautent aux yeux : pour les fans de lecture, la perspective d’apporter avec soi des centaines d’heures de lecture sans excès de bagages peut déjà faire tourner les têtes. Reconnaissons aussi le confort de lecture d’une liseuse qui aujourd’hui est comparable à celui d’un livre classique. Maintenant, il y a aussi des raisons qui paraissaient à première vue moins évidentes. C’est pourtant celles-ci qui m’ont fait tomber définitivement du côté des adeptes des livres électroniques.
  Je suis usager des transports en commun, ce qui bien souvent est synonyme de rames bondées. La liseuse dans ce genre de situation montre des atouts que le livre papier n’a pas : un seul doigt suffit pour tourner les pages dessus et si la foule vous oppresse et vous oblige à prendre des positions acrobatiques, il n’y a plus de risque de perdre son marque-page ou de voir les pages de son livre se refermer ! Il y a un autre aspect qui au début m’est apparu comme un gadget inutile : le dictionnaire intégré qu’offrent la plupart des liseuses. Aujourd’hui, je suis devenu accro à cette fonctionnalité, plus un mot échappe à ma compréhension, je peux dans l’instant en connaitre sa signification et pour peu que j’aie du réseau internet, j’ai la possibilité d’approfondir également les sujets dont traitent mes livres par une recherche sur la toile. Dernier point, le moins remarqué selon moi, la liseuse préserve votre anonymat de lecture ! Il n’y a pas de couverture, pas de titres tonitruants qui pourraient renseigner vos voisins sur le contenu de vos lectures si vous aimez lire dans l’espace public. Alors, osez lire vos livres les plus sulfureux sans peur de rougir, c’est le moment de sortir Sade du haut de vos étagères, de laisser s’aérer (si je puis dire) Les Onze Milles Verges d’Apollinaire, qui déjà rien que par le nombre surpassent les 50 nuances de gris de James. Et ce n’est pas tout, ça peut aussi valoir pour tous ces livres de développement personnel qu’on a du mal à assumer : 10 étapes pour devenir viril, pour les hommes et Pourquoi je ne trouve pas de mecs ? pour les femmes, on peut enfin les lire en toute discrétion !

Moins de livres papier ?

  On pourrait penser naïvement qu’à partir du moment où on cède à la liseuse, on tourne définitivement le dos aux livres papier. C’est faux. Je dois avouer que le nombre de livres que j’achète n’a pas bougé d’un iota. Les nouveaux lecteurs sur supports numériques sont déjà des lecteurs sur supports physiques et dans la majorité des cas le restent. En changeant sa façon de faire de lire, on ne vire pas sa cuti et on ne devient pas plus schizophrène, ouf !
  L’usage que j’ai de la liseuse par rapport aux livres papier est juste différent et finalement complémentaire. Je lis plus, la liseuse me permettant de mieux lire dans les transports et lire plus pendant les vacances.

Trouver des livres numériques : disponibilité et prix

  Est-ce compliqué de trouver des ebooks? Tout d’abord, pas de chichi entre nous, il existe une offre illégale et elle est pléthorique. Sur le Net vous trouverez plus de livres numériques (epub, mobi, pdf…) que vous ne pourrez en lire tout au long de votre vie et même dans le cas improbable d’une espérance de vie à mille ans !
  Si vous voulez rester dans le légal, sachez que pour tous les grands classiques tombés dans le domaine public, il existe probablement une version numérique et gratuite de ceux-ci et ça c’est plutôt sympa. En dernier recours, les grandes plateformes du livre numérique (fnac, amazon) peuvent réserver de bonnes surprises, on y trouve des œuvres de jeunes auteurs autopubliés pour quelques euros et parfois on a la chance de tomber sur un vrai bon premier roman. En parallèle, vous trouverez inévitablement tous vos romans préférés issus du circuit classique de l’édition dans leur version dématérialisée que vous pourrez la plupart du temps télécharger directement sur votre appareil. Pour ceux-ci, on regretta seulement un prix élevé pour un cout de fabrication qu’on peut raisonnablement pensé bien moindre que celui de la version papier, la différence parfois n’étant pas énorme.

  Vous l’aurez compris, je ne peux que vous encourager à franchir le pas de la liseuse et même (surtout ?) si vous êtes un gros lecteur comme moi. Il est inutile de jouer les puristes et de se placer comme le dernier le défenseur d’une race en perdition. La liseuse ne tue pas le livre papier et je ne crois pas à la théorie du tout numérique qui viendrait lui porter un coup fatal. Tant qu’il y aura des lecteurs, il y aura de vrais livres. Et après tout, papier ou numérique, qu’importe la différence, du moment qu’on lit encore, ce qui est déjà beaucoup.


* Etude Ipsos/CNL sur les habitudes de lecture des Français.
http://www.calameo.com/read/0018287151bf454f21996