Littéraire pour quoi faire ? Blog littéraire et alors ? (par Junain Lavillet)

Devenir un auteur-entrepreneur (1ère partie)

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J'entame une nouvelle rubrique et j'y ajoute d'entrée une confession de circonstances: je ne suis pas un "auteur-entrepreneur" (les Américains disent authorpreneur, j'ai bien tenté le auteurpreneur, mais ça ne sonnait pas si bien...). C'est dit.
J'ai une vision assez romanesque de l'écriture, un rapport romantique aux livres qui me renvoie toujours à quelques images poétiques, des clichés un peu moisis que j'adore; j'écris des livres, je me préoccupe assez peu de les vendre... C'est beau, c'est noble, ce serait tout à fait acceptable si dans mon rêve d'écriture, je n'avais pas enchâssé l'idée saugrenue d'en faire un jour mon métier...


Vendre des livres. Il serait temps d'y penser. Ce ne serait pas idiot, ne serait-ce que pour combler le déficit abyssal créé après 10 années de recherches pour se faire publier. Il me fallait une imprimante qui envoie du papier-minute, je n’avais pas de relieuse (et je trouve ça tellement chic les fournitures de bureau...) puis, il faut bien l'avouer, j'avais besoin de babioles à poser chez moi, pour que le visiteur puisse facilement identifier quel est mon rêve et ma quête d'une vie (j'ai enfin trouvé mon Underwood qui a 3 fois mon âge ! )...


De ce point de vue-là, je suis le hippie des lettres, plusieurs lignes accrochées à mes tripes, j'attends allongé sur l'herbe que quelques lecteurs (nécessairement avisés), veuillent bien me lire, je paresse, je suis nonchalant, j'aime les livres, les écrire, les vivre, être un auteur, quoi d'autre ?


Soyons honnêtes, même si je l'ai cru, je n'ai jamais entrepris grand-chose pour obtenir plus de lecteurs, faire plus de ventes, je ne suis pas l'ami du signe plus... C'est normal, la littérature, c'est pour moi l'antithèse des maths (je déteste les maths), je me méfie des chiffres et des calculs quels qu’ils soient. Je suis un sensitif, un sensible, un naïf, je crois à des choses amusantes: la chance, le destin, le talent... L'auteur-rêveur que je suis, doit se réveiller, si le réveil est difficile je n'aurais qu'à lui rappeler qu'en plus de 10 ans, il n'a gagné que quelques dizaines euros... de ma place au soleil, je n’en connais pas un rayon donc...


Pour bien faire, il faudrait consacrer autant de temps à écrire un livre qu'à le vendre, dit-on. Mon dernier livre, la revanche des timides m'a pris environ 3 mois... c'est donc le temps que je vais consacrer à compter d'aujourd'hui à la vente de ce livre... Une expérience que je ne manquerai pas de vous faire partager... après tout, il existe peut-être d'autres écrivains-rêveurs...
Si cela fonctionne, chiffres à l'appui, mon témoignage sera d'autant plus utile qu'il sera probant, car je suis et resterais un auteur-rêveur... D'ailleurs, je ne manquerais pas de vous vendre un prochain livre "Itinéraire d'un écrivain-rêveur devenu écrivain-entrepreneur", j’aurais alors tout compris, peut-être...

À bientôt

 

Littérature et progéniture

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Les anciens disaient aut libri aut liberi qui, si tant est qu'on aime le latin approximatif et les rimes riches, peut être traduit par « soit la littérature soit la progéniture ». En effet, il existe une idée souvent rabâchée : nos grands auteurs sont des solitaires.
Et pour cause, leur œuvre demande un investissement de chaque instant qui est difficilement conciliable avec une vie de famille (on se rappellera de Rousseau qui pour être définitivement tranquille choisira de laisser ses enfants aux bons soins de l’assistance publique !). On se moque de s’occuper des marmots, quand notre vocation est de choyer les mots ! Certains comme Chateaubriand ou Voltaire choisiront de ne jamais avoir d’enfants, comme si toute leur descendance était contenue dans leurs livres.

Il est d’ailleurs intéressant de noter les similitudes du vocabulaire employé lorsque l’on parle de création ou de procréation. On peut accoucher d‘un manuscrit (parfois dans la douleur), en avoir un autre en gestation et être très fier de son petit dernier (surtout quand celui-ci présente un beau poids de 500 pages et mesure 16x24 centimètres).
L’écrivain, on l'a déjà écrit ici, est un être un peu narcissique et se rêve sans attaches. Il a rayé sa filiation par le haut (pourquoi croyez-vous qu’il y en a eu autant qui ont fait usage d’un pseudonyme ?) et serait bien tenté de faire de même par le bas. Il ne veut pas être imité et tient surtout à rester inégalé, cela pourrait nuire à son génie... Seuls ses livres comptent qui finalement ne peuvent être que le fruit d’amours incestueuses.

Plus prosaïquement et pour conclure, constatons seulement que le monde littéraire compte quelques grandes figures homosexuelles (Proust, Gide, Cocteau) qui dans des temps plus difficiles n’a pas dû arranger leur envie de bébés...

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